Des manuscrits enluminés de la Bibliothèque de Toulouse

D’où viennent les manuscrits médiévaux conservés à la bibliothèque ?

450 manuscrits médiévaux sont conservés dans les réserves de la bibliothèque de Toulouse. Certains nous sont parvenus après avoir été rassemblés tout au long des siècles depuis le Moyen Âge par les monastères ou les institutions religieuses de la ville, comme ceux provenant des Augustins ou des Dominicains par exemple. D’autres ont été intégrés au hasard de l’histoire des collections.

Ainsi, l’abbé d’Héliot au 18e siècle s’est-il constitué une collection personnelle, à l’origine de la Bibliothèque du Clergé, en fréquentant assidûment les ventes aux enchères. C’est ensuite sous la Révolution française que ces bibliothèques religieuses ont été confisquées et réunies, et que leurs collections sont venues constituer la Bibliothèque municipale en 1803 à Toulouse. Bibliothèque augmentée en 1866 des livres et des manuscrits médiévaux de l’illustre collectionneur.

L’enluminure dans les manuscrits

Un nombre important de ces manuscrits sont enluminés, c’est-à-dire pourvus d’une décoration peinte.
L’enluminure, apparue dans les livres manuscrits à partir de la seconde moitié du 12è siècle, s’est perfectionnée dans les ateliers français au à partir de 1250 environ. Les collections de la bibliothèque reflètent de façon assez large la production au niveau français : production parisienne et septentrionale, méridionale et particulièrement toulousaine – à partir du 13e siècle, la conjonction de constructions ou reconstructions d’églises, du développement de l’Université et de l’installation des ordres mendiants font de Toulouse un milieu particulièrement propice – ; mais il faut noter également des témoins de l’activité bolonaise ou catalane, entre autres…
Ces compléments visuels au texte n’ont pas qu’un simple but ornemental ; certains textes écrits, par exemple scientifiques, ont besoin d’illustrations pour être pleinement compris. L’enluminure joue aussi sur l’interprétation de l‘écrit. L’apparition de l’ornement est à mettre en rapport avec l’évolution de la pratique de la lecture : dans l’Antiquité, les livres étaient lus par des esclaves rompus à cet exercice ; au Moyen Age, le possesseur devient lecteur de ses propres livres. On cherche alors à le décorer : les premières initiales ornées, au départ placées en tête de page vont ensuite être disposées en tête des chapitres et des paragraphes pour souligner l’articulation du texte et guider la lecture. Elles serviront également de points de repère.

On sait que l’enlumineur intervenait, dans l’atelier d’écriture aussi appelés scriptorium, après le copiste qui lui laissait un espace vierge sur les feuillets.
A la fin du Moyen Age, l’organisation devient plus complexe, les spécialistes de la pose de l’or, du traitement des fonds, des « histoires » (les personnages), etc. se succèdent.

Il semble logique que la Bible et les ouvrages liturgiques constituent la grande part des textes enluminés dans les collections de la bibliothèque municipale, comme dans la plupart des autres bibliothèques.

« Fondements de la foi, guides de la piété collective et individuelle, instruments d’exégèse et de culture, ces livres indispensables au culte furent toujours produits, même dans les époques troublées» (Hélène Toubert).

Mais d’autres thématiques sont aussi enluminées : le droit, l’histoire.
Ces manuscrits enluminés sont une mine de renseignements de tous ordres sur la vie quotidienne, les costumes, les pratiques, les outils, les instruments de musique, les techniques, etc…

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