Rage & venin: le remède des Affiches et Annonces de Toulouse

  
La rubrique de médecine des Affiches et Annonces de Toulouse
recèle bien des surprises. On peut y découvrir, dans la gazette toulousaine du 25 mai 1785, un remède contre les morsures de chiens enragés et piqûres de vipères.

     Comment ? un siècle avant le vaccin de Louis Pasteur, un antidote contre la rage, efficace également contre le venin de vipère ? Voyons de plus près la composition de ce médicament miracle…

     Eau de la Reine de Hongrie, emplâtre de thériaque, poudre de vipère et écaille d’huîtres calcinées. Assurément, à la lecture de ces ingrédients, on se demande si le médecin n’est pas sorcier ou charlatan. Mais quelles propriétés la médecine du 18e siècle pouvait-elle leur attribuer ?

      Commençons par L’eau de la Reine de Hongrie. Cette préparation de romarin macéré dans de l’esprit de vin est un peu l’équivalent de notre flacon d’alcool à 90° : parfait pour nettoyer la plaie puis la cautériser. De plus, le romarin était très populaire pour ses vertus purificatrices.

La thériaque est un célèbre antipoison utilisé depuis l’Antiquité. La recette a maintes fois varié mais a toujours contenu 4 ingrédients de base :

  • le miel, pour la consistance molle
  • le castoréum, sécrétion grasse très odorante du castor, utilisée pour ses propriétés antispasmodiques et emménagogues (hé non, le castor n’était pas chassé que pour sa fourrure).

  • la chair de vipère sous forme de pastilles sèches

  • du papaver somniferum, plus connu sous le nom d’opium. C’est cet ingrédient qui lui vaudra son succès.

     La poudre de vipère était consommée pour se protéger des morsures des bêtes venimeuses. Ayant remarqué que la vipère était le seul serpent immunisé aux morsures de ses congénères, on consommait sa chair réduite en poudre dans l’espoir d’acquérir cette capacité…sans savoir que le venin se trouvait uniquement dans une glande de la mâchoire.

      Reste l’écaille d’huître calcinée. C’était au 18e siècle un remède contre la rage d’avant Pasteur, avant que ce dernier ne découvre qu’il n’y avait aucun remède…si ce n’est la prévention : son fameux vaccin.

     Ainsi, chaque ingrédient a bien sa place dans les croyances et les connaissances de 1785. Malheureusement, même si l’opium de la thériaque a pu apporter quelque soulagement aux mordus et aux empoisonnés, nul doute qu’aucun ne fut sauvé par le remède de la gazette toulousaine.

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