Lucien Briet (1860-1921), une passion pour les Pyrénées

Lucien Briet et les Pyrénées centrales …

Explorateur, spéléologue, pyrénéiste, homme de lettre, photographe, ethnologue, les étiquettes ne manquent pas pour qualifier Lucien Briet. Pourtant, rien ne le destinait à connaître toutes ces vies ni à parcourir les Pyrénées, encore moins à connaître la célébrité en Haut-Aragon.

Lucien Briet par Nadar. Musée Pyrénéen de Lourdes

Né à Paris en 1860, résidant à Charly-sur-Marne (Aisne) sa vie durant, Lucien Briet rejoint les Pyrénées en 1889, sur les pas de Ramond de Carbonnières, auteur en 1789 de Observations faites dans les Pyrénées pour servir de suite a des observations sur les Alpes insérées dans une traduction des Lettres de W. Coxe sur la Suisse considéré comme un chef-d’oeuvre de la littérature pyrénéenne.

Entre 1890 et 1902, il parcourt à la belle saison le versant nord des Pyrénées centrales en rayonnant autour de Gèdre et de Gavarnie.

Gèdre, route de Gavarnie par Louis-Julien Jacottet (1806-1880). Bibliothèque municipale de Toulouse, A-JACOTTET (2-38)

Cirque de Gavarnie. Recueil Factice de lithographies de Victor Petit, André Gorse, Eugène Ciceri, Edouard Paris. Bibliothèque de Toulouse

Durant ses campagnes, Lucien Briet  consigne dans des carnets de cuir des notes qui lui servent ensuite pour l’écriture d’articles qui sont publiés dans des revues spécialisées telles que le

Carnet de notes de Lucien Briet. 1896 à 1907. Musée Pyrénéen de Lourdes

Bulletin de la Société Ramond ou le Bulletin de la section sud-ouest du CAFClub Alpin Français), Mais aussi dans le revue Spelunca de la société de spéléologie et dans celle de la

Bulletin Spelunca. Musée Pyrénéen de Lourdes

Real Sociedad geografica de Madrid dont il deviendra en janvier 1905, socio corresponsal (correspondant) pour les Pyrénées, grand honneur pour un français !
Afin d’illustrer et de documenter ses articles, il prendra de nombreuses photographies, qui serviront aussi à l’édition de cartes postales et d’albums souvenirs.

La cascade Roland (Cirque de Gavarnie). Cliché Lucien Briet. Musée Pyrénéen de Lourdes

Lucien Briet et le Haut-Aragon…

C’est à partir de 1902 et de  la découverte de la vallée de Biesla que Lucien Briet délaisse  le versant français pour le versant espagnol, sa passion pour les paysages du Haut-Aragon et de ses habitants débute. Jusqu’en 1911, il effectuera huit campagnes pendant lesquelles il va quadriller, identifier et photographier un paysage montagnard encore inédit riche de défilés, de grottes et de gorges.

Bulletin Pyrénéen. Septembre-octobre 1905

Famille aragonaise. Cliché Lucien Briet. Musée Pyrénéen de Lourdes

Cliché Lucien Briet. Musée pyrénéen de Lourdes

Après 27 heures de train pour rejoindre Gèdre, son camp de base durant toutes ses campagnes, il empruntera toujours le même itinéraire transportant à dos de mulet un important matériel photographique : Départ de Gèdre pour arriver à Gavarnie et rejoindre le Port (Col) de Boucharo et redescendre vers Torla, porte d’entrée du Haut-Aragon.
Il dispose d’un réseau amical non négligeable à Torla, Boltana, Madrid et noue des amitiés sincères auprès des habitants qui l’accueillent dans leurs maisons ainsi qu’avec ses guides Ramon et Lorenzo Viù et Joaquim Buisàn. Ses parcours le rendent célèbre, les journaux aragonais annoncent ses campagnes.

Maison d’habitation. Cliché Lucien Briet. Musée Pyrénéen de Lourdes

Lucien Briet a photographié une société rurale vouait à disparaître dans les années suivantes. Son écriture, qu’il nourrit de ses abondantes notes, est précise et montre un explorateur consciencieux qui va jusqu’à noter la température et l’élévation des lieux où il se trouve.
Il nourrit également un fort sentiment envers ces paysages, son observation fine des écosystèmes lui permet de montrer les dégâts de l’homme sur la nature. En 1918, le roi Alphonse XIII créera le Parque nacional de Ordesa répondant à un mouvement que Lucien Briet avait initié dès 1904.

Mais en 1912, c’est la rupture pour des raisons obscures, Lucien Briet ne reviendra plus en Haut-Aragon. Il restera à Charly, jusqu’à sa mort en 1921. La riche bibliothèque pyrénéenne qu’il avait rassemblée est dispersée. Son œuvre photographique comprenant quelques 900 plaques originales sur les 1500 produites, les 33 albums photographiques ainsi que sa correspondance et son manuscrit Superbes Pyrénées, oeuvre écrite sur le versant espagnol mais qui ne sera jamais terminée, seront sauvés par Margarlide et Louis le Bondidier, fondateurs du Musée Pyrénéen de Lourdes. Les revues auxquelles il avait collaboré célèbrent son œuvre, d’autres l’ignorent. Son souvenir restera cependant vivace en Haut-Aragon où un monument commémoratif lui est consacré à l’entrée de la vallée d’Ordesa.

L’influence de l’oeuvre de Lucien Briet…

Lucien Briet, par son approche photographique et esthétique de la montagne s’inscrit comme l’un des précurseurs dans l’art de la photographie de paysage. Ses images continuent d’influencer de nombreux artistes parmi lesquels Pierre Meyer, photographe et montagnard passionné qui arpente les hautes altitudes, observant l’évolution de la nature au fil du temps. Pierre Meyer a notamment réalisé des photographies artistiques en noir et blanc sur l’histoire géologique tourmentée des roches du site Pyrénées-Mont Perdu.

Photographie de Pierre Meyer

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